L'extinction humaine n'est pas si improbable
Une personne typique est plus de cinq fois plus susceptible de mourir dans un événement d'extinction que dans un accident de voiture, selon un nouveau rapport.
Le soleil se lève alors qu'un canot transportant des réfugiés et des migrants s'approche des côtes de l'île grecque de Lesbos.(Alkis Konstantinidis / Reuters)
Note de l'éditeur : une version antérieure de cette histoire présentait une hypothèse de modélisation économique - 0,01 chance d'extinction humaine par an - en tant qu'estimation scientifique vérifiée. Suivant une correction du Global Priorities Project , le texte ci-dessous a été mis à jour.
Guerre nucléaire. Changement climatique. Des pandémies qui tuent des dizaines de millions de personnes.
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Ce sont les menaces les plus viables pour la civilisation organisée à l'échelle mondiale. Ils font partie des cauchemars et des blockbusters, mais contrairement aux monstres marins ou aux virus zombies, ils sont réels et font partie du calcul que les dirigeants politiques envisagent tous les jours. Un nouveau rapport de la Global Challenges Foundation, basée au Royaume-Uni, nous exhorte à les prendre au sérieux.
L'association à but non lucratif a commencé son rapport annuel sur le risque catastrophique mondial avec une provocation surprenante : si les chiffres souvent utilisés pour calculer le risque d'extinction humaine sont corrects, l'Américain moyen est plus de cinq fois plus susceptible de mourir lors d'un événement d'extinction humaine que dans un accident de voiture.
C'est en partie parce que la personne moyenne ne mourra probablement pas dans un accident de voiture. Chaque année, une personne sur 9 395 meurt dans un accident ; cette se traduit par environ 0,01 % de chance par an . Mais cette chance se multiplie au cours de la vie. À l'échelle de la vie, un Américain sur 120 meurt dans un accident.
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Pourtant, le risque d'extinction humaine en raison du changement climatique – ou d'une guerre nucléaire accidentelle, ou d'un météore – pourrait être bien plus élevé que cela. La revue Stern , le premier rapport du gouvernement britannique sur l'économie du changement climatique, supposait un risque d'extinction humaine de 0,1% chaque année. Cela peut sembler faible, mais cela s'additionne lorsqu'il est extrapolé à l'échelle du siècle. Sur 100 ans, ce chiffre entraînerait une probabilité d'extinction humaine de 9,5%.
Et ce nombre pourrait même sous-estimer le risque. Une autre enquête d'experts d'Oxford de 2008 a avancé que le risque d'extinction annuel était un chiffre plus élevé, 0,2%. Et la chance de mourir de quelconque calamité mondiale majeure est également probablement plus élevée. La Stern Review, qui fournit le chiffre de 9,5 pour cent, n'a supposé que le danger d'extinction à l'échelle de l'espèce. Le rapport de la Global Challenges Foundation concerne tous les événements qui anéantiraient plus de 10 pour cent de la population humaine de la Terre.
Nous ne nous attendons pas à ce qu'aucun des événements que nous décrivons se produise au cours d'une période de 10 ans. Ils pourraient, mais, dans l'ensemble, ils ne le feront probablement pas, m'a dit Sebastian Farquhar, le directeur du Global Priorities Project. Mais il y a beaucoup d'événements auxquels nous pensons qu'il est peu probable que nous nous préparions encore.
Par exemple, la plupart des gens exigent des airbags fonctionnels dans leurs voitures et ils attachent leurs ceintures de sécurité chaque fois qu'ils partent en voiture, a-t-il déclaré. Nous savons peut-être que le risque d'accident sur n'importe quel trajet en voiture est faible, mais nous pensons toujours qu'il est logique de réduire les dommages possibles.
Alors, de quel type d'extinction au niveau humain s'agit-il ? Le rapport place le changement climatique catastrophique et la guerre nucléaire bien au-dessus des autres, et pour une bonne raison . Sur ce dernier front, il cite plusieurs occasions où le monde était au bord de l'anéantissement atomique. Alors que la plupart d'entre eux se sont produits pendant la guerre froide, un autre a eu lieu au cours des années 1990, la décennie la plus paisible de mémoire récente :
En 1995, les systèmes russes ont confondu une fusée météo norvégienne avec une attaque nucléaire potentielle. Le président russe Boris Eltsine a récupéré les codes de lancement et a ouvert la valise nucléaire devant lui. Heureusement, les dirigeants russes ont décidé que l'incident était une fausse alerte.
Le changement climatique comporte également ses propres risques. Comme je l'ai déjà écrit, de sérieux vétérans de la science du climat suggèrent maintenant que le réchauffement climatique engendrera des super tempêtes de la taille d'un continent d'ici la fin du siècle. Farquhar a déclaré que des estimations encore plus prudentes peuvent être alarmantes : les modèles climatiques approuvés par l'ONU estiment que le risque de réchauffement de six à dix degrés Celsius dépasse 3%, même si le monde réduit les émissions de carbone à un rythme rapide. Dans un scénario d'émissions plus plausible, nous envisageons un risque de 10%, a déclaré Farquhar. Peu de scénarios d'adaptation climatique expliquent des variations de température mondiale aussi énormes.
Les autres risques ne proviendront pas de l'orgueil technologique. N'importe quelle année, il y a toujours une chance qu'un super-volcan entre en éruption ou qu'un astéroïde pénètre dans la planète. Les deux dévasteraient bien sûr les zones autour de Ground Zero, mais ils rejetteraient également de la poussière dans l'atmosphère, bloquant la lumière du soleil et faisant plonger les températures mondiales. (La plupart des climatologues conviennent que le même phénomène suivrait tout échange nucléaire majeur .)
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Pourtant, les pandémies naturelles peuvent présenter les risques les plus graves de tous. En fait, au cours des deux derniers millénaires, les deux seuls événements que les experts peuvent certifier comme des catastrophes mondiales de cette ampleur étaient des épidémies. La peste noire des années 1340 a abattu plus de 10 pour cent de la population mondiale. Huit siècles auparavant, une autre épidémie de la Yersinia pestis bactérie — la grande peste de Justinien en 541 et 542 — tua entre 25 et 33 millions de personnes, soit entre 13 et 17 pour cent de la population mondiale à cette époque.
Aucun événement n'a approché ces totaux au cours des 20esiècle. Les guerres jumelles ne se sont pas rapprochées : environ 1 % de la population mondiale a péri pendant la Grande Guerre, environ 3 % pendant la Seconde Guerre mondiale. Seule l'épidémie de grippe espagnole de la fin des années 1910, qui a tué entre 2,5 et 5 pour cent de la population mondiale, s'est approchée des fléaux médiévaux. Farquhar a déclaré qu'il existe des preuves que la Première Guerre mondiale et la grippe espagnole étaient le même événement mondial catastrophique, mais même alors, le nombre de morts n'a atteint qu'environ 6% de l'humanité.
Le rapport explore brièvement d'autres risques possibles : une pandémie génétiquement modifiée, une géo-ingénierie qui a mal tourné, une intelligence artificielle qui voit tout. Contrairement à la guerre nucléaire ou au réchauffement climatique, cependant, le rapport précise que ceux-ci restent pour la plupart des menaces théoriques, même s'il met en garde :
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[P]ratiquement tous les risques catastrophiques mondiaux les plus menaçants étaient imprévisibles quelques décennies avant qu'ils ne deviennent apparents. Quarante ans avant la découverte de la bombe nucléaire, peu de gens auraient pu prédire que les armes nucléaires deviendraient l'un des principaux risques catastrophiques mondiaux. Immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, peu de gens auraient pu savoir que le changement climatique catastrophique, la biotechnologie et l'intelligence artificielle allaient constituer une menace aussi importante.
Alors, quelle est la version sociétale d'un airbag et d'une ceinture de sécurité ? Farquhar a admis que de nombreux risques existentiels étaient mieux gérés par des politiques adaptées au problème spécifique, comme la réduction des stocks d'ogives ou la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais la civilisation pourrait généralement augmenter sa résilience si elle développait une technologie pour accélérer rapidement la production alimentaire. Si la société technique avait le pouvoir de développer des sources de nourriture moins dépendantes de la lumière du soleil, en particulier, il y aurait moins de chances qu'un hiver particulaire [provenant d'un volcan ou d'une guerre nucléaire] ait des conséquences catastrophiques.
Il pensait également que de nombreux problèmes pourraient être résolus si les institutions démocratiques disposaient d'une sorte d'ombudsman ou de comité pour représenter les intérêts des générations futures. (Cela me frappe comme une proposition nettement européenne – aux États-Unis, la politique nationale d'un représentant des générations futures serait bouleversée par le débat sur l'avortement et la personnalité à naître, je pense.)
Le rapport était un projet conjoint du Center for Effective Altruism de Londres et du Future of Humanity Institute de l'Université d'Oxford. Ce peut être lu en ligne .
